Des nouvelles et les messages d'Eric

Merlin le 24/08/2024

Pour l'instant tous les voyants sont au vert. J'ai croisé 4 à 5 orques pas loin du cap Finistère, a une quinzaine de mètres du bateau. j'ai cru que la LR était terminée pour moi, mais non, elles sont allées. je les ai filmé, mais ne sais pas comment envoyer. Sinon, nav tranquille, tout au portant et bien peinard. il manque parfois d'un peu de vent. là, j'en suis a me demander sur quelle longitude je vais passer l'équateur. aux alentours du 30° je pense. Mais je suis encore à 760 milles du Cap Vert, tout peut changer. En résumé, nav pépère, prendre ce qui vient au présent, dans qques semaines ou mois, je regretterai peut être ce temps de demoiselle (sans ces dernières)

Merlin le 25/08/2024

15 jours que nous sommes partis. Le temps passe vite. je suis bien où je suis, tout est à sa place. 105 milles de moyenne journalière, il faut que j'atteigne les 120.

Merlin le 03/09/2024 à 22h25

juste pour info et sans être parano. Je me dirige vers 5 bateaux de pêche d'une dizaine de mètres. il sont a environ 7 M. Au fur et a mesure que j'approche, même si j'ai changé de cap pour les éviter, 3 ais se sont éteind.

mmsi 4 bateaux commencent par 168805, il ya le 992, 988, 289 et 288. et 4511588000.

la nuit tombe, ma position 11°11,3N 24°59,6 W cap160

ce ne sont sans doute que de braves pêcheurs, mais vu leurs chgts de direction et l'extinction des ais. je préfère te prévenir au cas où, d'autant que La nuit vient de tomber.

"Francis a aussitôt laissé un message sur iridium GO à Alfonso afin d’être vigilant et lui suggérer de prendre contact avec Eric par VHF, puisque 20 Mn les séparent, aucune réaction d’Alfonso mais il doit tout couper la nuit pour économiser l’énergie"

Message d’Eric à 00h21

tout est ok, je les ai contourne. À part un en pêche bien éclairé, les autres aucun fx visibles à qques milles.

Avec Alfonso, on a essayé la vhf il y a 2 jours mais on n'a pas réussi a s'avoir. l'un des deux doit avoir un pb. la portable n'a rien donné non plus.

Merlin le 06/09/2024

Pas loin d'un mois que trois bateaux de la longue route ont quitté Lorient. 26 jours exactement ce 6 septembre. La traversée du golfe de Gascogne fut lente par manque de vent, mais un peu avant le cap Finistère on a bénéficié des alizés portugais, ces vents de NE qui étaient enfin les bienvenus. Petites frayeur, pour ma part lorsque 4 à 5 orques sont venues jouer a une quinzaine de mètres du bateau. J'ai cru que ma LR s'arrêterait prématurément, mais non, elles s'en sont allées, se disant que ce petit bateau jaune était bien où il était et qu'il ne méritait pas de finir sans ses safrans. Je les ai filmé, mais il faudra attendre un peu pour voir la vidéo.
Une fois sous le régime des vents de NE, ce fut un enchantement. Génois tangonné peu de manœuvres si ce n'est un empannage de temps à autre ou une prise de ris.
les journées se suivent et se ressemblent. Grâce à l'ais et au Mer-Veille, les cargos sonnaient.

Puis les Canaries se pointaient devant l'étrave. J'étais bien en mer dans cette navigation tranquille. Tout n'était que luxe, calme et volupté. Allongé dans le cockpit, les bouquins défilaient les uns après les autres.
par contre, je trouvait une ombre au tableau, je ne vis quasiment aucun poissons volants. Je me souviens des mes transats dans les années 90, on en voyait en permanence et le matin,on en cueillait toujours 4ou 5 sur le pont. et là, ils ont disparu. Je trouve cela très inquiétant. et ça m'attriste. pareil pour la pêche. Seules deux coryphenes ont mordu a l'hameçon. Si ce n'est devant l'éternel je ne suis pas un grand pêcheur, mais les 2 coryphenes ne mesuraient pas plus de 45 cm, alors qu'avant, dans mes souvenirs, elles faisaient 80 cm minimum. La première a retrouvé sa liberté pour la laisser grandir un peu, l'autre est passée a la poêle, tant pis que je me suis dis en m'excusant auprès d'elle ...

Vent variable depuis hier, c'est chiant, mais normal à 400M de l'équateur. Il pleut également ce qui permet la récupération d'eau et evite 1 h de dessal manuel.

Merlin le 09/09/2024

Depuis plusieurs jours nous naviguons avec 2 ris gv sur une mer totalement désordonnée, faite de creux et de bosses,un champs de mines en quelque sorte. Les mouvements à bords sont extrêmement brutaux, presque incontrôlables contrairement à une mer agitée avec une houle bien déterminée. C'est une mer fatigante pour le bateau qui plonge dans des creux en perdant de la vitesse. Ça met le mât et le gréement à rude épreuve et ça rend le marin de mauvais poil !

Le près n'a jamais été la meilleure allure, mais dans ces conditions c'est pire que tout.

Merlin le 10/09/2024

Après le Cap Vert ce fut le pot au noir et ses calmes lancinants. Force m'est de reconnaître qu'avec sa surcharge pondérale, le père Merlin n'était pas à son aise. Une chose que je n'ai pas souvenir d'avoir vu sous ces latitudes ce sont des sargasses. Parfois en bancs grands comme un terrain de tennis, parfois disséminées, durant des jours et des jours elles étaient présentes empêchant toute possibilité de ligne de traîne. J'ai un moment soupçonné le voisin d'avoir tondu sa pelouse et jeté les résidus du panier de sa tondeuse à la mer par flemme d'aller à la déchetterie.
Un soir, alors que la nuit n'allait pas tarder à tomber, l'AIS détecte 5 cibles. Des bateaux de pêche de 10m, ce qui est petit car nous sommes à 500 milles environ de la côte. Puis 3 cibles disparaissent de mon écran. La nuit s'installe et aucun feu de nav de ces bateaux n'est visible, sauf un seul qui est en pêche.

J'avoue me poser des questions et sans être parano, je suis un peu inquiet. Je sais qu'il y a parfois des actes de piraterie au large de l'Afrique, sans savoir à quelle distance, ni au large de quel pays. Et là, vu l'extinction de leur ais et l'absence de feux de navigation, je reste attentif, conscient d'être une proie facile. Je modifie mon cap ouvre bien mes oreilles pour détecter le bruit d'un moteur qui se rapprocherait. Ouf, ce n'était qu'une fausse alerte. Difficile dans un tel cas de savoir comment se comporter. Il aurait été con de finir dans le ventre d'un requin après avoir échappé aux orques du cap Finistère. Ma chance avec ces derniers c'est que ce n'était pas l'heure de l'apéro et qu'il était trop tôt pour se faire un p'tit jaune (couleur de la coque de Merlin).

Et puis, au niveau du Cap Vert, une tourterelle s'est invitée à bord. Elle m'a accompagnée durant 3 jours, refusant la nourriture que je lui proposait. Je me suis fait la réflexion que si elle attendait la prochaine escale pour débarquer, la pauvre risquait d'attendre longtemps.
Après toutes ces péripéties, qu'on ne vienne pas me dire qu'il ne se passe rien en mer.